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dimanche 17 novembre 2019

Pour une couleur de peau

"Pour une couleur de peau" est un des derniers albums parus chez L’Harmattan BD. Il s’agit d’une bande dessinée en trois parties, chacune illustrée par un dessinateur différent, Martini Ngola, Joseph Danny Nyembi et Nathanael Ejob
Edimo, chef d’orchestre du projet et également scénariste des fameuses "Tribulations d’Alphonse Madiba dit Daudet", en a écrit le scénario qui aborde la situation délicate des albinos en Afrique au travers de la vie d’Agnès et celle de sa mère, Chantal.

Sans vouloir vous gâcher l’intérêt de l’histoire, sachez que celle-ci, tout en mettant en avant les terribles difficultés que doivent affronter les enfants albinos et leur famille en Afrique, conserve un message positif. L’architecture du récit est portée par les styles très différents des trois dessinateurs qui viennent renforcer les trois arcs narratifs de l’histoire.
Cette BD portée par 4 talents est à découvrir au plus vite chez votre libraire habituel (ou via les grands sites marchands du web si vous n'avez pas de libraire près de chez vous).


Il s’avère, en outre, que le sujet de "Pour une couleur de peau" se rapproche de celui de notre prochain projet dont nous ne tarderons pas à vous parler; ce n’est pas parce que nous faisons paraître moins de posts ces derniers temps que nous sommes moins actifs, bien au contraire, il y a pas mal de choses qui chauffent dans la marmite (comme vous avez aussi pu le comprendre en lisant ceci), mais vous verrez ça sous peu. 

Affaire à suivre, donc… ;)

dimanche 29 septembre 2019

Vaudou


Heureusement la belle Madeleine sera sauvée par son jeune fiancé, elle ne restera pas une zombie pour l’éternité et Legendre, le méchant sorcier vaudou blanc, incarné par l'incontournable Bela Lugosi, sera puni de ses méfaits.
White Zombie (les Morts-vivants en France) sorti en 1932 est l’une des toutes premières représentations du vaudou haïtien à l'attention du grand public et il aura marqué les esprits à jamais, tant il est difficile de parvenir à se dessaisir de toute l’imagerie aussi syncrétique que déformée qu’il véhicule. 
Même s’il n’était pas le premier à user de tels clichés et de telles ficelles, il reste un moment marquant dans notre perception du vaudou en occident. Et puis, sans doute est-il plus facile de s’approprier la figure d’un Baron Samedi à la manière d’un James Bond en mal d’exotisme, plutôt que d’aller voir ce qui se trame derrière le « Zombie » de Fela Kuti.
Dès lors, vouloir parler du vaudou, revient trop souvent à opérer un choix. Faut-il prendre à bras le corps les icones pop qui lui sont liées, quitte à vouloir les malmener par la suite, ou faut-il s’extraire de cette gangue pour chercher à défendre des racines africaines ? Le risque des extrêmes, c’est de tomber dans la fadeur actuelle des reprises ad nauseum du déjà-vu, déjà-lu, comme dans l’engagement facile (celui qui consiste à dégainer des symboles plutôt que des idées – regarde mon zombie, c’est en fait le reflet du dictateur à la tête de l’état et à la solde du pouvoir blanc).
Vous l’aurez compris en lisant ces quelques lignes, nous sommes engagés dans quelques projets autour du vaudou.  Comme ces projets sont à différents stades de maturation (oui, chez nous on ne vieillit pas, on mature), nous allons vous en parler ces prochains mois et on essaiera de faire le point sur quelques pratiques, informations, inspirations venues du vaudou.
En attendant, on vous laisse avec Fela :


dimanche 24 mars 2019

Encore un prix pour l'Harmattan BD

Ce début d'année est faste pour l'Harmattan BD avec l'obtention du Prix de la Presse Panafricaine 2019, catégorie "bande dessinée", décerné à l'album "Les Dessous de Pointe Noire" dans le cadre du salon Livre Paris (l'ancien Salon du Livre de Paris) qui a eu lieu la semaine dernière.
Ce prix vient quelques semaines seulement après celui reçu par "le Cauchemar d'Obi" en marge du Festival d'Angoulême.

On vous avait parlé au détour de ce post-ci de cette BD de KHP qui nous avait fortement marqués lors de sa sortie. On est sincèrement ravis pour l'auteur que nos avons eu le plaisir de rencontrer il y a peu et dont le talent continue à nous impressionner.

Mais laissons KHP s'exprimer sur son prix au travers du petit montage ci-dessous reprenant la prise de vue de la remise du prix et celle de l'interview qui a suivi, toutes réalisées par Ziana TV.



dimanche 12 août 2018

Les Dessous de Pointe-Noire


On a mis la main sur Les Dessous De Pointe-Noire, le dernier né de la collection L'Harmattan BD.
Première impression quand on a la bande-dessinée en main: on salue une nouvelle fois le passage à la couverture rigide qui est  effective depuis quelques albums, elle  hausse indubitablement le niveau qualitatif des albums.

Mais passons au contenu !

L'histoire est tirée de faits réels et n'est pas sans rappeler le Paris Vaille Que Vaille de l'ami Koffi Roger N'Guessan. Toutes deux sont des récits de femmes africaines qui rêvent de quitter leur pays en épousant des occidentaux.

KHP, l'auteur de la BD, maîtrise les codes de la narration mais c'est surtout son dessin qui subjugue: un noir et blanc d'un réalisme impressionnant. La couverture ci-contre est peut-être le dessin le moins réussi de l'album, à moins que ce soit le passage à la couleur qui dessert le trait de KHP.
Ce dernier dessine au stylo à bille Bic et sa performance n'en est que plus extraordinaire (mais comment réussit-il ses ombrés si délicats ?! Vous aurez un aperçu du talent du monsieur en cliquant ici).

L'auteur a aussi participé aux albums collectifs Chroniques de Brazzaville et  Nouvelles d'Afrique que l'on va vite se procurer pour retrouver le coup de "stylo" hors norme de KHP.





dimanche 18 février 2018

Chaka

On attendait sa sortie depuis quelques mois et on a enfin réussi à mettre la main dessus: Chaka, la bande dessinée très récemment sortie, avec Koffi aux pinceaux et Jean-François Chanson côté scénario !

L'histoire est  une adaptation du roman éponyme de Thomas Mofolo, écrivain né fin XIXème siècle au Lesotho qui a appris l'anglais sous l'influence des missionnaires installés dans le pays. Ses premiers écrits sont ainsi empreints de christianisme jusqu'à Chaka où il s'attaque à un personnage né avant la christianisation de l'Afrique. Le roman en question est considéré par beaucoup comme la première contribution majeure de l'Afrique noire au corpus de la littérature mondiale moderne, c'est dire le défi relevé par Jean-François Chanson et Koffi !

Leur bande dessinée se lit d'une traite, principalement grâce à la fascination exercée sur le lecteur par le personnage principal. Ce dernier oscille entre le statut de héros d'une nation (la nation zoulou, en l'occurence) et celui malheureusement plus classique de tyran mégalomaniaque sanguinaire.
D'un côté, on est en terrain connu; il s'agit de la biographie romancée d'un Personnage Historique majeur (notez les majuscules), au même titre qu'un Napoléon Bonaparte ou qu'un Jules César. De l'autre côté, aux yeux des européens que nous sommes,  le récit est fortement empreint de magie africaine et de paysages du Zululand dessinés par Koffi.
C'est ce contraste qui donne à l'ensemble une saveur toute particulière, à la fois familière et exotique.

Bref, un album à se procurer sans tarder et que l'on aurait presqu'envie d'offrir à Messieurs Nicolas S. et Henri G.
 

dimanche 18 décembre 2016

La terre promise



Ceux qui suivent ce blog depuis quelques temps connaissent notre attachement à certains "créateurs" de tout poil qui nous ont inspirés d'une façon ou d'une autre lors de l'écriture du scénario de La Case Blanche. En particulier, nous vous avons déjà parlé par deux fois de Manset (une fois ici et une fois ) dont l'œuvre nous touche tout particulièrement.

Il s'avère que l'Animal, après un album récent qui ne nous a qu'à moitié* conquis, vient de sortir  "Mansetlandia", un coffret imposant de 19 CDs retraçant pas loin de 50 années de création musicale.
Sur les plus de 180 titres qui composent ce coffret, il n'y a que trois véritables inédits et l'intérêt d'un tel objet peut paraître faible pour les aficionados de l'œuvre de Manset que nous sommes. Ceci dit, le travail de remastering sur les vieux titres (dont certains n'avaient jamais connu l'ère numérique jusqu'à maintenant) est époustouflant. En particulier ceux qui, comme nous, ont au mieux des vynils usés et au pire des ripages mp3 de ces mêmes vinyls, la post-production sur ces morceaux anciens (on pense à Caesar** entre autres) est lumineuse et donne à l'ensemble un ton cohérent malgré les décennies écoulées.

Seul regret du coup, on aurait tant aimé que ce coffret soit une réelle intégrale et pouvoir enfin écouter dans les mêmes conditions audios que ces 187 titres l'ensemble de l'album blanc de 72 (dont Manset n'a relifté ici que 3 morceaux) et les autres omissions de ce coffret. Mais ne boudons pas notre plaisir, l'objet est beau, le prix (80 euros environ) reste plus qu'honnête au regard des heures d'écoute et objectivement dérisoire compte tenu de la qualité de l'ensemble.
 
Conseil: s'il vous manque une idée de cadeau pour Noël, n'hésitez pas à offrir un ticket aller pour Mansetlandia, c'est un sacré voyage !


* au sens littéral du terme !
** pour les secs, la version youtubesque qui a été mise en ligne sur la base du vinyl il y a quelques années et qui regroupe les deux versions, française et latine :

 

dimanche 20 novembre 2016

Providence tome 2: "L'abîme du temps"

Bien que le premier tome s'était avéré captivant, on pouvait pourtant s'interroger sur le projet global "Providence" conçu par Alan Moore: au delà d'un simple catalogue des "places to be " (ou plutôt des "places not to be"...) imaginés par Howard Philip Lovecraft, à quoi devions-nous nous attendre ?

Ce tome 2, tout en s'avérant aussi passionnant que le précédent, n'apporte pas tous les éléments de réponse (forcément vu que ce n'est pas le dernier) mais on y aperçoit les premiers vrais signes d'un truc immense, tissé et peaufiné dans ces moindres détails par Alan Moore, comme à sa divine habitude. On vient même à se demander si le Néonomicon ne s'avèrera pas, paradoxalement, être la touche finale de ce projet (mais restons prudent, le maître de Northampton peut s'avérer plein de surprises).
 
En tout cas, il se dégage de ce nouveau tome un niveau d'horreur et de folie générale supérieur au précédent, ce qui n'est pas une mince affaire.... Et, autant vous le dire tout de suite, cet album n'est pas à mettre entre toutes les mains, l'expérience pourrait même s'avérer traumatisante pour des tout jeunes lecteurs car Moore arrive à jouer avec son lecteur comme il joue avec son héros Robert Black. En particulier, l'épisode se déroulant à Manchester (dans le New Hampshire) s'avère d'une maîtrise scénaristique époustouflante.

Mais on ne vous en dira pas plus sinon vous risquez de perdre de la santé mentale avant de débuter la lecture de cette BD ;)



dimanche 18 septembre 2016

Providence, tome 1 "La peur qui rôde"

Si vous suivez un peu les quelques posts que nous mettons sur les références qui nous ont inspirées dans l’écriture de la Case Blanche, vous vous souvenez peut-être que nous avions adoré l'introduction du Néonomicon, bande dessinée d’Alan Moore et de Jacen Burrows adaptant l'univers d’ Howard Philip Lovecraft à notre époque moderne... et aussi que nous avions été moins séduits par la suite du récit.
Or, il semble que Moore n’en a pas fini (du tout) avec le Mythe de Cthulhu car voici que viennent de sortir les tomes 1 et 2 de « Providence », nouvelle tentative du maître de Northampton pour s’approprier l’œuvre de Lovecraft.

Ce premier tome regroupe les 4 premiers épisodes de la série et est de même facture que le Néonomicon : même dessinateur, même format, même découpage en grandes cases horizontales ou verticales. On y suit les aventures d’un journaliste aux velléités de romancier dans la Nouvelle Angleterre du début du XXème siècle. Les parties dessinées sont régulièrement entrecoupées des notes prises par le héros dans son « journal à idées » et celles-ci, bien que retraduisant par écrit ce que le lecteur vient de lire dans les cases précédentes, sont loin de faire doublon avec les planches dessinées : c’est un éclairage autre sur le héros, plus personnel, et qui vient faire écho au style Lovecraftien où les romans sont racontés la plupart du temps à la première personne du singulier.
Pourtant la comparaison peut (presque) s’arrêter là, le personnage de Robert Black créé par Alan Moore est bien plus complexe et décrit de façon bien plus intime que ceux de Lovecraft : le sexe (honnis par ce dernier) est par exemple bien présent d’une façon ou d’une autre tout au long de ces 4 premiers épisodes. De la même façon, les personnages secondaires s’avèrent étrangement accueillants, (tout en conservant leur côté très malsain), contrairement à ceux de Lovecraft dont l’hostilité venait faire écho à sa peur de l’autre et de l’inconnu.
  
Si on peut regretter une mise en couleurs de Juan Rodriguez qui n’est pas toujours au rendez-vous de l’ambiance, le style franchement lisse de Jacen Burrows, presque trop évident à force de netteté, est parfaitement en accord avec la candeur du personnage, apportant un côté malsain, indéniable et palpable tout au long de ces pages. Bref, le lecteur se retrouve happé par l’histoire, ponctuées de références multiples, majoritairement à l’œuvre de Lovecraft, mais aussi à celle d’Alan Moore et à toute un pan de la culture mystique de l’humanité.

L’ensemble de ce premier tome a certes un côté catalogue du Mythe de Cthulhu, on passe d’un grand morceau de celui-ci à l’autre à chaque nouveau chapitre. Le lecteur connaissant peu ou pas l’œuvre de Lovecraft en sortira initié. Celui plus adepte du Mythe se sentira tout de suite en terrain connu, guettant les signes de folie, les ombres trompeuses. Mais déjà le texte redondant se transforme peu à peu, le doute s'installe dans les références et les évidences...Bref on attend la suite, haletant.

dimanche 6 mars 2016

Du buzz, de la précarité et de la beauté

D'un certain point de vue, il est intéressant de constater que les événements tempétueux autour de l'édition 2016 du festival d'Angoulême aient permis de jeter un œil public et médiatique dans le petit monde - en crise, comme tant d'autres - de la bande dessinée.
 
Toutefois, il est dommage que ce soit la bêtise de certains qui offrent l'occasion de mettre à jour les difficultés inhérentes au métier de créateur de bande dessinée. Cela fait des années maintenant que ce "marché" se trouve confronté à des problématiques de production, de diffusion ou encore de rémunération. Une situation complexe qui réclame plus d'attention qu'un coup de projecteur autour de tel ou tel "bad buzz". Une question qui au-delà du statut des auteurs, interroge également sur la forme et l'avenir du média lui-même.
 
A peine sorti de la gangue de l'anonymat ou de "l'amusement pour enfant" (terme qui sous-entend quelque part qu'amuser  les enfants serait un passe-temps peu digne d'intérêt), que déjà le médium se voit contraint de repenser sa forme. Suivre les idées de Scott McCloud sur la potentialité du net, est une voie intéressante mais elle n'est pas la seule.
 
 
Pour preuve, plutôt que de tenter d'émettre une opinion définitive sur les remous Charentais de l'année, nous aimerions souligner la pertinence d'un grand prix -enfin- attribué à Hermann, difficile d'aimer la bande dessinée sans avoir été bercé par les aventures de Comanche et de Jeremiah ou d'avoir une idée de c'est que la bande dessinée historique sans penser aux tours de Bois Maury.
Plus récemment, on jettera un œil gourmand sur sa trilogie noire. Au-delà du trait, réaliste et diablement envoûtant, d'Hermann, il faut également saluer son scénariste de fils Yves H qui parvient à garder lui aussi toute sa cohérence en nous faisant visiter nombres d'imaginaires.
 
Et comme la bande dessinée est un média éternellement jeune, on profitera également de la publication du catalogue de l'exposition sur Morris pour se délecter d'un travail rétrospectif inédit -pour la première fois à base des planches originales- accessible et en tout point sublime.

dimanche 14 décembre 2014

Mme Livingstone (la suite)

Cet été, on vous avait annoncé ici la sortie de l’album « Madame Livingstone » de Barly Baruti et Christophe Cassiau-Haurie, avant même de l’avoir lu. Depuis, en dépit notre crainte d'être déçus, nous avons pris notre courage à deux mains en même temps que l'album en question et comblé notre lacune. Au final, point de déception et un album one-shot de premier ordre comme on aimerait en lire plus souvent.

De prime abord, l’ouvrage se veut trapu (c’est-à-dire dans un format plus épais et  légèrement plus petit que le format standard), incluant la BD en elle-même mais aussi un imposant cahier bonus en fin de livre. 

Un premier feuilletage permet de saisir tout de suite la beauté des dessins et du coloriage de Barly Baruti, mis en exergue par une absence de détourage noir des cases et des bulles (on vous a mis la deuxième planche de l'album à droite pour vous permettre de juger par vous-mêmes de la clarté des planches).
Côté histoire, on suit le parcours d'un aviateur belge, Gaston Mercier, sur les champs de batailles africains de la première guerre mondiale (qui, on s'en rend une nouvelle fois compte, mérite tous ses adjectifs) suite à sa rencontre avec un autochtone au surnom étrange de "Madame Livingstone". Ce dernier va s'avérer être une aide hors-pair pour les belges dans leur combat contre l'armée allemande.

Le scénario concocté par Christophe Cassiau-Haurie s'avère passionnant, son intérêt oscillant tout au long entre l'amitié grandissante des deux hommes, leurs diverses pérégrinations et l'aspect purement historique (celui avec un grand "H"). Mais c'est au bout de la lecture (essentielle !) des bonus en toute fin d'ouvrage que l'histoire prend une dimension supplémentaire, très touchante pour ne pas dire émouvante, qui vient interroger le lecteur sur la raison même d'exister de l'œuvre qu'il vient de lire.

Bref, si vous êtes en recherche de chouettes idées cadeaux avec Noël approchant à grand pas, ce "Madame Livingstone" devrait vous enlever une première épine du pied !

dimanche 13 juillet 2014

Madame Livingstone

Une fois n'est pas coutume, on va faire un peu de réclame pour un album que nous n'avons pas encore lu (mais ça ne saurait tarder).
 
La bande dessinée en question s'appelle "Madame Livingstone" et est sortie chez Glénat le 2 juillet dernier.
Outre la splendide couverture que vous pouvez admirer sur la droite de votre écran et qui doit déjà vous faire saliver, sachez qu'il s'agit d'un gros paveton de 110 pages accompagné d'un cahier bonus de 16 pages pour éclairer le lecteur sur le contexte historique de l'époque: bref, c'est que du bonheur!
 
L'histoire se déroule dans le Congo Belge pendant la période de la première guerre mondiale et c'est Barly Baruti qui s'est talentueusement chargé des dessins et des couleurs (rappelez-vous Barly nous avait donné deux sérieux coups de main lors de la réalisation de la planche n°2, une fois et une seconde fois ici).
Le scénario a été écrit par Christophe Cassiau-Haurie, le directeur de la collection l'Harmattan BD, et scénariste de l'album de BD "Sommets d'Afrique" auquel avait participé Massiré.
 
Et si vous doutez encore de la qualité de l'ensemble, jetez un coup d'œil sur les 10 magnifiques premières planches de l'album, elles vont vous transporter sans détour un peu moins d'un siècle auparavant au cœur de l'Afrique noire.

dimanche 18 mai 2014

Alan aux pays des démons et merveilles

Rendez-vous compte ! On ne parle pas là de l’onde médiatique du moment, on parle, ni plus ni moins, de la rencontre de deux monstres sacrés. Le « Néonomicon » ce n’est rien moins que Moore (Alan de son prénom, nous vous en avions parlé ici) et Lovecraft (Howard Philip, HP pour les intimes –ici-). Une conjonction des astres si propice qu’on en oublie le nom du dessinateur (Jacen Burrows), un rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte, l’espoir de ne pas être déçu par cet astre noir que l’on n’attendait pas.


En bons cultistes que nous sommes, nous fûmes rapidement subjugués, pour ne pas dire pantois d’admiration, devant le prologue de cette histoire qui vient taquiner allégrement le meilleur du Mythe à la sauce contemporaine. Le traitement narratif, la mise en page, l’idée (exceptionnelle, osons le mot) de faire des mots une drogue (et inversement) offrent une paranoïa à vif, une horreur (oui, ce prologue fait peur !) qui râcle la raison jusqu’à l’os. A l'appui de dessins à la verticalité oppressante, aux gros plans reproduisant le narcissisme lovecraftien et l’intériorité morbide de son approche, cette partie de l'album parvient en quelques planches à saisir un pan entier du continent de l’angoisse distillée par Lovecraft.
 
Toutefois le parti pris de Moore ne s’arrête pas là. Dès la fin du prologue, il semblerait que ce dernier ait cherché à renverser le Maître de Providence. Le héros devient héroïne, le sexe jusque-là totalement absent fait une apparition fracassante (en phagocytant tout sur son passage), la pulsion de mort se transforme en pulsion de vie, la crainte et sa génèse se déplacent du passé à l’avenir. Autant de choix osés et originaux, malheureusement (que l’adverbe est cruel) le substrat reste le même, à savoir une certaine linéarité narrative, ce qui semble condamner Moore à un traitement direct, brutal, sans concessions. Là où le prologue nous amenait sur les rivages de l’innommable, le récit s’embourbe parfois dans des choix douteux. Utiliser la nymphomanie pour expliquer (justifier ?) des viols en série, ou user du prisme de la libido pour explorer la psychologie des personnages trouve rapidement ses limites. Si le pari est, encore une fois, audacieux il s’arrête aux portes de la relecture.


Bref, autant le prologue confine au chef d’œuvre, autant le coeur du récit s’englue dans un traitement trop efficace, une mise à plat du Mythe presque Derlethiène (un comble !). Impossible de nier que cette descente aux enfers relève du haut le cœur et du malaise, deux notions clefs de l’horreur - et non de l’angoisse, ce qui encore une fois inverse la donne - mais elle apparaît bien trop limpide et simpliste.
 
Au final - nous sommes chez Moore - reste une délectation de lire une histoire (sordide et dérangeante pour le coup) à laquelle on repense bien après avoir fermé le livre; mais, il faut bien se l'avouer, le contre-pied pris par le scénariste pour contrer la xénophobie sous-jacente et le puritanisme de Lovecraft tombe à plat, un peu comme si le Mythe de Cthulhu et les idées de Moore étaient définitivement non miscibles.
 

dimanche 26 janvier 2014

… et le son peut être supérieur à l'image



Etonnant de lire cela sur un blog dont le sujet principal est la bande-dessinée, non ? ;)

Pour être précis, la citation complète est en réalité "La radio peut aussi être un art, et le son peut être supérieur à l'image" et elle est de Robert Arnaut.

L’homme fut un grand journaliste de radio (il fit toute sa carrière à Radio France) mais aussi écrivain et conteur. Pendant près de 30 ans, Robert Arnaut a parcouru le continent africain de long en large en s’efforçant d’y capter les sons. Il a ainsi méticuleusement consigné dans son magnétophone les bruits de la vie de tous les jours et les traditions orales transmises au micro au fil des rencontres.
Grâce à toutes ces archives sonores, il est encore considéré comme un spécialiste de l'Afrique contemporaine et à l’heure où le métier de grand reporter devient de plus en plus difficile à exercer, son travail prend une dimension encore supplémentaire.

Paradoxalement (pour ne pas dire tristement), c’est l’annonce de son décès l'été dernier, à l'âge honorable de 84 ans, qui nous a fait découvrir son œuvre au travers d’un coffret de CDs audio, « Une Afrique en Radio », édité par France Inter en collaboration avec le Musée du Quai Branly.
Si vous souhaitez (ré-?) entendre la voix chaleureuse de celui que l’on appelle "le griot blanc" et surtout ses "sons supérieurs à l’image", n’hésitez pas ! Et on n’est pas les seuls à le dire, cette sélection de reportages a reçu le coup de cœur de l’Académie Charles Cros.

dimanche 25 août 2013

Saint-Louis du Sénégal d'hier à aujourd'hui


C’est bien beau de s’inspirer d’une ville actuelle pour le décor de notre projet, mais toute l’histoire de la Case Blanche se déroule il y a 80 ans peu ou prou. Alors pour trouver des photos et des illustrations de Saint-Louis, nous nous sommes procurés l’excellent ouvrage d’Abdoul Hadir Aïdara paru aux Editions Grandvaux, et dont le titre est le même que celui de ce post.


La ville est née sur l’île de Ndar, endroit propice à la vie situé à l’embouchure du fleuve Sénégal. Elle verra, dans un premier temps, la construction d’un fort par les français au XVIIème siècle qui prendra le nom de Saint-Louis en l’honneur du roi de France mais aussi de celui de son propriétaire, Louis Caulliez.

Au-delà des mots, c’est surtout pour sa richesse iconographique que l’ouvrage est un vrai voyage dans le temps et dans l’espace : les vieilles cartes (qu’elles soient géographiques ou postales), les illustrations d’époque, les photos noir et blanc pour les plus anciennes et en couleur pour les contemporaines nous font découvrir l’architecture coloniale des bâtiments de Saint-Louis mais aussi les gens qui y vivent et qui y ont vécu. 





Toujours entre terre, mer et fleuve, la ville est surnommée la « Venise africaine » et le livre donne une sacrée envie au lecteur immobile de venir se perdre dans ses rues et de flâner le long du fleuve.



Pas étonnant que la ville ait été inscrite par l’Unesco au patrimoine mondial de l’humanité depuis 2000.

dimanche 26 mai 2013

Way down in the hole

 
Un braqueur de dealers, noir, gay et armé d’un fusil à pompe descend une rue en sifflotant une comptine pour enfant tandis que tout le monde s’écarte sur son passage. Cette image ira jusqu’à marquer le président actuel des USA.
Elle est extraite de la série télévisée The WireSur Ecoute » en français). Et si vous ne la connaissez pas, sachez que vous n’êtes pas seul(e) car elle reste largement méconnue encore aujourd’hui, même si les critiques en parlent désormais avec respect et déférence. 

Pour beaucoup, on retient des 5 saisons que compte la série une large palette de situations (sociales entre autres) et de personnages marquants. Mais au-delà de l’aspect presque documentaire de l’œuvre, c’est le travail d’écriture fantastique réalisé par ses auteurs, David Simon et Ed Burns, qui nous a scotché. 
Surtout que The Wire ne propose rien moins que d’explorer le fonctionnement d’une ville américaine sous toutes ses coutures (Baltimore en l’occurrence). C’est dire la complexité du sujet abordé.


Nous avons beaucoup échangé sur cette série, sur la façon de traiter certaines scènes ou sur les choix scénaristiques. Construire un personnage charismatique comme Jimmy McNulty lors de la première saison pour le mettre au second plan par la suite, cela prouve la force d’écriture et de conviction des créateurs (et les preuves du même genre sont nombreuses mais les dévoiler tiendrait du spoiling). Et puis la crudité du ton ou bien l’homogénéité de l’ensemble furent aussi d’indéniables modèles.


Beaucoup de séries à succès se perdent en conjectures, en rajouts inutiles pour faire durer le plaisir. Les scénaristes actuels ont des recettes, excellentes pour la majorité car elles titillent l’intérêt du spectateur mais elles finissent tôt ou tard par lasser par leur récurrence, par leur côté « méthode appliquée ».
Rien de tout cela dans The Wire. Ici rien ne dépasse, rien n’est extravagant, rien ne va vers la surcharge, aucun esprit de concession ne transpire, tout fait sens. Comment ne pas être ébahi d’admiration par ce style d'écriture précis, sans compromis qui se dégage des quelques 60 heures de l’ensemble de l’œuvre ?



Sans avoir l’ambition de générer autant de personnages, de situations, d’intrigues que la série peut en proposer (et dieu sait qu’elle en propose) il nous a très vite semblé que nous ne devions pas seulement proposer une « bonne idée » et un personnage fort, mais faire vivre tout un contexte. Chacun des éléments contenus dans La Case Blanche a été ainsi le fruit d’une lente maturation, de réflexions, de discussions ; chaque détail compte, tous les détails comptent.

Si vous ne connaissez pas The Wire, sa vision est vivement conseillée. Si vous connaissez déjà cette série, la revoir est vivement conseillée.




dimanche 17 février 2013

L'anti-Tintin au Congo


L’histoire commence comme une légende de marins : 4 hommes d’équipage rassemblés sur le pont d’un navire britannique écoutent Marlow, un des leurs, raconter comment il a remonté un fleuve africain au cœur du Congo. Le but de l’expédition était de retrouver un blanc, un dénommé Kurtz, chef d’un comptoir commercial avancé d’une compagnie belge. Un homme que l’on a décrit à Marlow comme extrêmement instruit et talentueux.


Voilà en quelques mots le résumé d' « Au cœur des ténèbres », court roman exceptionnel écrit par Joseph Conrad à l’aube du XXème siècle.

A priori, rien à voir avec notre célèbre reporter à la houppette et, si on met de côté que ce blog parle de bande-dessinée, il est vrai que vous êtes en droit de vous demander à ce stade ce que vient faire Tintin dans le titre de ce post (à part, peut-être, pour les mots « Congo » et « belge »).

Eh bien c’est que les deux ouvrages ont été écrits par des européens à seulement trois décennies d’intervalle (ce qui, à l’échelle de l’humanité, ressemble à un éternuement, vous en conviendrez) et que les deux parlent de la colonisation africaine par l’Europe. Et, petits malins que vous êtes, vous avez déjà compris par le titre de cet article que les deux livres n’en donnent pas vraiment la même vision.





Les premières images qui reviennent en général de « Tintin au Congo » sont celles où on voit le héros arpenter la brousse africaine, fusil à la main, tenue légère, Milou pas loin. La ballade, sous le trait lumineux d’Hergé, paraît presque bucolique bien qu’on y assiste à un vrai carnage d’animaux.


Rappelez-vous en particulier de Tintin portant sur ses épaules les défenses récupérées sur le cadavre d’un éléphant ; c’est précisément le trafic de l’ivoire,  avec tous ses excès et sa violence, qui est au cœur du roman de Conrad. 

A cette époque, « L’or blanc » avait été la première motivation du roi Léopold II de Belgique pour s’accaparer en son nom le Congo et autant vous dire que ce commerce a été source de brutalités abominables.




Autre analogie troublante: souvenez-vous aussi de cette dernière planche de l’album, où l’on voit les habitants d’un village africain honorer les statues de Tintin et Milou, pareils à des divinités païennes. Lorsque Charles Marlow retrouve Kurtz, celui-ci est devenu une sorte de demi-dieu régnant sur des tribus qui viennent lui apporter des quantités astronomiques d’ivoire telles des offrandes sacrificielles.

Difficile de vous en dire plus sans vous gâcher la découverte de l'ouvrage de Conrad. Si vous êtes de ceux que la lecture de romans, mêmes courts, rebutent, vous pouvez vous rabattre avec bonheur sur la version audio d' "Au Coeur Des Ténèbres" lue par Denis Lavant. La voix de ce dernier, éraillée et monocorde, sied à merveille à cette histoire de marin et au style évocateur de l'auteur.
Bref, vous n’avez plus aucune excuse…