Marraine à son bureau

A son bureau, Suzanne Marchal, a.k.a. "Marraine", a l'air préoccupé, pour ne pas dire fâché, on la sent perturbée. Encore une fois l’image permet de saisir, au vif, la robustesse du personnage. Une femme vieillissante, assise, ronde, dans une robe bouffante, dit comme ça on aurait envie de lui demander le goût de ses prochaines confitures. Mais la coiffure est sèche, courte, les coudes plantés comme des colonnes de sûreté, le nez aquilin et cette bouche fermée, pincée, hermétiquement close. 

Ce dessin nous la donne taiseuse, inaccessible aux sentiments et aux émotions, femme d’affaires pleine de sang froid à la posture stricte choisie par l'ami Massiré.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire « Marraine » ne fut pas choisie comme un pendant à Vito Corleone, il s’agit surtout de ne pas en faire une « Godmother ». Elle se borne à fournir les tâches et les rémunérations en conséquence et à faire tourner la boutique en bonne entrepreneuse. Si sa faiblesse reste d’être une mère d'un fils indolent, les autres ne sont pas des fils de substitutions: ils sont ses employés, elle est le patron. 

" Quelle stature ! "

C'est que qu'on s'est dit quand on a reçu ce dessin de Massiré . A gauche une posture d’aigle, oiseau de proie à l'affût semblant attendre que sa victime s’avance d’elle-même. A droite, Marraine (car c'est évidemment d'elle qu'il s'agit) est debout prête à se mouvoir, à se mettre en marche. En arrière plan, le bureau que Mass a retouché par rapport au dessin non encré original.
 

L’écriture du personnage fut aisée, elle repose sur l’idée d’une femme forte, suffisamment attachée à ses valeurs pour continuer l’œuvre de son mari. Lui donner corps, en faire une figure puissante tout en étant crédible, poser des traits de force et de fragilité, c’était un défi d’envergure pour Massiré. 

Il a su imprégner à cette femme le charisme suffisant, nécessaire, à la tâche qu’elle s’est fixée. Le profil d’aigle et la carrure étonnent, surprennent, font peur presque et c’est ce qu’il faut. Puis les rondeurs permettent de supposer plus de sagesse - elle aussi nécessaire - de calme, voire quelque notes de suavité.

Marraine colorisée

 

Et voilà Marraine, colorisée de pied en cap. 

A droite, elle semble pauser près de son bureau pour un peintre ou un photographe (bureau qui se trouve dans la ville portuaire, repérée en 1 sur ce plan, au siège de la Comipa). 

Si vous avez bonne mémoire, ce dessin est issu de ce croquis-là.

Ca fait du chemin depuis, mine de rien....

Margaret Bondfield

 

On a hésité quelques temps à se décider sur le physique de Marraine. Dans un premier temps, Massiré l’imaginait plutôt maigre et austère (comme dans son premier dessin là) alors que pour nous, elle était massive et de grande taille, style « maîtresse femme ».

Ensuite il a fallu se décider pour les habits et surtout la coupe de cheveux. Après pas mal de recherches, on a opté pour celle de Margaret Bondfield dont vous pouvez voir le portrait en noir et blanc ci-contre ; et il faut croire que l’idée a bien plu à Massiré parce qu’il s’en est largement inspiré pour l’apparence globale de Marraine.

Pour info, Margaret Bondfield est une vraie personne (ou du moins était une vraie personne): née en Angleterre en 1873, elle s'est éteinte au milieu du XXème siècle. Bien que méconnue chez nous, elle a été une femme remarquable : membre du parti travailliste, ça a été la première femme de Grande Bretagne à siéger au conseil des Ministres (en tant que Ministre du Travail).

Il y a de cela quelques temps déjà pour nous, Massiré a tiré de tout ça le premier crayonné de Marraine ci-contre, dont on vous avez déjà montré le portrait colorisé issu de cette esquisse.

Une étude en pied de Marraine

 

On sent déjà que la silhouette s’arrondie par rapport au tout premier jet du personnage réalisé par Massiré… mais on remarque tout de même sa capacité à en imposer aux autres.

Notez que sa coupe de cheveux a été revue et les habits qu’elle porte commencent à être bien esquissés.

Un premier jet pour Marraine

Voilà le tout tout premier jet de Marraine fait par Massiré.

Son air revêche trop évident sera abandonné pour lui donner une mine plus « joviale », un moyen de mieux cacher son jeu et de la rendre plus sympathique… au premier abord.

Marraine

Susanne Marchal est l’influente propriétaire sexagénaire de la COmpagnie MInière de Paris-Afrique. Née en France métropolitaine, elle s’est installée il y a bien longtemps dans la ville où se déroule l’histoire. Elle est surnommée « Marraine » par tout le monde.

Femme d’affaire par obligation après le décès de son mari, elle a refusé de perdre son statut et ses privilèges et a décidé de prendre les choses en main… quitte à faire de la casse pour asseoir son autorité.

Elle est très protectrice à l’égard de son fils qui semble être à la fois sa plus grande fierté et son plus grand désespoir.


Sa société fait travailler la plupart des personnages importants de l'histoire: Giuseppe, Moïse mais aussi Pierre, le gardien de la vieille mine.