dimanche 20 février 2022

Rendez-vous à la médiathèque Denise Rack-Salomon

 

Si vous êtes dans la région de Strasbourg le week-end prochain, n'hésitez pas à faire un détour à la médiathèque Denise Rack-Salomon d'Erstein.


Une partie de la bande y sera présente en compagnie de Christophe Caussiau-Haurie pour rencontrer les lecteurs d'Alsace et d'ailleurs, et on serait ravi d'échanger avec vous à cette occasion.

mardi 11 janvier 2022

Tão forte quanto a vida

"Tão forte quanto a vida", ça signifie "Aussi fort que la vie" et c'est le titre d'un article du magazine littéraire Quatro Cinco Um sur Ligeiro amargor: uma história do chá, la version brésilienne de Légère amertume: une histoire du thé.
Fin 2021, Quatro Cinco Um avait classé l'album dans sa liste des meilleures bandes dessinées de l'année publiées au Brésil.

Vous trouverez le lien menant à l'article en ligne en question ici mais pour les non-lusophones, nous en avons fait une traduction en français ci-dessous. Bonne lecture à  vous ! ^^



Aussi fort que la vie
En racontant l’histoire du thé, une bandes dessinée africaine montre les conflits et les plaisirs entourant la boisson la plus consommée au monde.

Paula Carvalho
01jan2022 05h51 (01jan2022 13h49)

Ilustrations de Koffi Roger N’Guessan Extrait

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Elanni & Djaï
Ligeiro amargor:  uma história do chá
Trad. Maria Emília Palha Faria
Skript • 76 pp • R$ 79
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Lorsqu’ils boivent trois verres de thé à la menthe, les Touaregs, le peuple nomade qui habite les régions désertiques d’Afrique du Nord, disent que le premier est « aussi fort que la vie », le second « aussi amer que l’amour » et le troisième « aussi doux que la mort ». C’est ce dicton qui guide les trois chapitres de la bande dessinée Légère amertume : une histoire du thé, scénarisée par Elanni et Djaï et illustrée par Koffi Roger N’Guessan.

À travers trois moments de la vie d'Adjoua - lors de son enfance à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en 1964; à Freetown, en Sierra Leone, en 1983; et plus âgée à Pékin, en Chine, en 2019 , nous découvrons l’histoire du thé, une boisson consommée par 70% de la population mondiale, selon Gervanne Colboc-Leridon de Cape and Cape, une maison de thés d’Afrique. Elle explique dans un texte qui apparaît à la fin de la bande dessinée comment la production de thé sur le continent a augmenté, à tel point que le Kenya est le troisième producteur mondial, derrière la Chine et l’Inde.

De la Chine au monde

Dans la première partie de la bande dessinée, une Adjoua effrayée court en pleurant dans les bras de sa mère après avoir reçu le sourire d’un homme plus âgé qui prend le thé avec un groupe d’amis. Pour la calmer, la mère de la jeune fille prépare un thé à la menthe alors qu’elle raconte comment elle a reçu une théière cabossée, qui appartenait au sultan du Maroc, cadeau du duc de Buckingham, à la fin du 17ème siècle. C’est à partir de ce contact des Anglais avec les Marocains que le thé s’est répandu dans toute l’Afrique de l’Ouest, même si les peuples du continent fabriquaient déjà des infusions avec d’autres herbes.

Petite parenthèse: « thé » est le nom qui est donné spécifiquement à la boisson faite avec les feuilles de Camellia sinensis; « infusion » est le nom de la boisson faite avec d’autres plantes, qui était déjà pratiquée par d’autres cultures dans le monde. Cependant, le terme « thé » est devenu populaire de nos jours pour parler de tout type d’infusion. Une autre curiosité est l’origine du mot « thé », qui vient de « cha », en mandarin parlé en Chine continentale et qui était le nom utilisé à Macao, où les Portugais commerçaient avec les Chinois. Le terme  « thé », à l’origine des mots anglais, français, espagnol et italien vient du port de Min Nan, de la province maritime de Fuijan, où les nations européennes étaient en contact avec la Chine.

C’est d’ailleurs dans la deuxième partie de Légère amertume que l’on en sait un peu plus sur l’origine du thé, un processus gardé secret par l’empire chinois, uniquement connu au Japon et en Corée. Au milieu de l’expansionnisme de l’impérialisme britannique au 19ème siècle, la reine Victoria a envoyé, en 1848, le botaniste Robert Fortune à la découverte des secrets du thé chinois. Dans une mission digne de grands noms de l’espionnage, Fortune s’est déguisé en riche propriétaire terrien et est allé sur le territoire chinois à la recherche de plantations de thé. Là, il a réussi à démêler les processus d’horticulture et de fabrication de la plante, introduisant sa culture avec succès en Inde et créant une habitude que nous voyons maintenant comme « anglaise » : le thé de l’après-midi. Le contrôle de la commercialisation de la plante a été le déclencheur principal des soi-disant guerres de l’opium, qui ont eu lieu entre les années1840 et 1850. Les différends entourant le thé au 19ème siècle y sont également comparés à ceux des diamants de sang à la fin du 20ème siècle.

Le troisième chapitre montre l’origine mythique de la boisson en Chine à travers l’histoire de l’empereur Shennong, considéré comme le père de l’agriculture chinoise et le découvreur du thé, qui remonte à quatre millénaires.

Comme le thé, la propre production de la bande dessinée est, disons, transnationale. A l’origine, Légère amertume a été publié en 2019 au sein de la collection L’Harmattan-BD, dirigée par Christophe Cassiau-Haurie, dédiée à la bande dessinée d'Afrique ou d’auteurs nés sur le continent. Il s’agit du premier roman graphique africain publié par Skript Editoria, qui vise à amener plus de bandes dessinées du continent africain au Brésil, comme expliqué dans le post-scriptum de l’éditeur de bandes dessinées et chercheur Márcio dos Santos Rodrigues. Dans des travaux antérieurs, les scénaristes Elanni et Djaï ont participé à une adaptation en bande dessinée de nouvelles de l’écrivain Malcolm de Chazal, originaire de Maurice, dans le cadre du recueil Morne Plage également publié par L’Harmattan-BD en 2016, qui réunissait des auteurs mauriciens et malgaches.

Koffi Roger N’Guessan est un auteur de bande dessinée, illustrateur et professeur des Beaux-Arts né en Côte d’Ivoire. Dans la même collection dirigée par Cassiau-Haurie, il publie Milles mystères d’Afrique/Séductions (2013), Les Fins limiers (avec Cassiau-Haurie, 2016) et Chaka (avec Jean-François Chanson, 2018), en plus de participer à l’anthologie Nouvelles d’Afrique (2014). Un fait curieux à propos de Légère amertume est que, à l’origine, la bande dessinée aurait dû être illustrée par Malika Dahil (connue pour être la première artiste de bande dessinée féminine du Maroc), qui vit à Manaus, la capitale de l’Amazonas, depuis 2016, avec son mari brésilien, l’artiste également bédéiste Eunuquis Aguiar – l’édition soignée de Skript Editoria inclut les planches encrées de la dessinatrice marocaine.

En plus de nous renseigner sur la production croissante de thé dans les terres africaines, Légère amertume nous montre comment le continent est également fertile dans la création de BDs, qui, nous l’espérons, arriveront de plus en plus au Brésil.

Légère amertume n’est que la première gorgée d’une production riche et diversifiée venant d’Afrique que nous devrions mieux connaître.

dimanche 5 décembre 2021

Noël au Brésil


Légère amertume (une histoire du thé), ou plutôt Ligeiro amargor (uma história do chá), continue son bonhomme de chemin de l'autre côté de l'Atlantique.

Après un financement participatif plus que réussi, nous  venons d'apprendre avec bonheur que l'album vient de se retrouver dans la liste des meilleures bandes dessinées de l'année publiées au Brésil, selon "Quatro Cinco Um", un des  magazines littéraires de référence* du pays.

"Quatro Cinco Um" signifie 451 en français et fait directement allusion au Farenheit 451 de Ray Bradbury, c'est à dire la température à laquelle brûlent les livres. Cette référence nous paraît résonner particulièrement fort dans le Brésil actuel.

En tout cas, imaginer que notre album puisse être un des cadeaux sous un sapin de Noël au Brésil est une chose que nous ne pouvions imaginer lorsque ce projet a démarré et cette pensée nous enchante !


* Selon nos contacts à Skript Editora, la maison d'édition brésilienne de Légère amertume, Quatro Cinco Um est la revue littéraire la plus importante du Brésil.

dimanche 2 mai 2021

Ligiero amargor: 374% !

La période du financement participatif de Ligeiro Amargor: uma História do Chá est maintenant close, avec 374% de l'objectif atteints.

Un grand merci à nos futurs lecteurs brésiliens! :)

dimanche 25 avril 2021

" Uma entrevista com Koffi "

La date de fin de la campagne du financement participatif pour l'édition brésilienne de Légère amertume (une histoire du thé) s'achève à la fin du mois. Mais nul suspens ici, l'objectif a déjà été dépassé de plus de 200% et la publication de Ligeiro Amargor: uma História do Chá par Skript Editora ne fait plus aucun doute. :) * joie*

C'est dans le cadre de cette sortie imminente que l'ami Koffi Roger N'guessan a été interviewé il y a peu par le site web brésilien Afro Nerd et vous retrouverez l'entretien en question dans sa version originale ici.

Que les francophones non-lusophones soient rassurés, nous leur avons concocté une traduction en français juste en dessous. Bonne lecture à tous !



Koffi, comment s'est passé votre premier contact avec la bande dessinée? Avez-vous beaucoup lu dans votre enfance ?

Mon premier contact avec la bande dessinée remonte à mon enfance, depuis l'école primaire. A cette époque, au début des années 80, mon environnement était rempli de bandes dessinées, des petits formats comme Blek, Akim, Zembla, Tex, Rodeo; des bandes dessinées mettant en vedette des super-héros américains tels que Flash, Superman, Spider-Man, Iron Man, Hulk ; le  Journal de Mickey, quelques albums à couverture rigide des Quatre As, Lucky Luke, le magazine africain KOUAKOU, distribué gratuitement aux étudiants chaque année. Il y avait plusieurs magazines et journaux locaux dans lesquels ils avaient des sections consacrées à la bande dessinée.

En plus de la lecture, je passais la plupart du temps à dessiner certains personnages et des scènes de dessins animés.

Pour la plupart des lecteurs brésiliens, la bande dessinée africaine était ou est presque inexistante. Pouvez-vous nous dire comment vous voyez le marché africain de la bande dessinée en quelques mots ?

La bande dessinée africaine existe depuis des décennies, mais souffre d'un réel manque de visibilité sur le marché local et international. On voit ici très peu de bandes dessinées d'auteurs africains sur les étagères des grandes librairies. Mais ces dernières années, nous avons assisté au début d'une floraison des sorties d'albums d'auteurs africains sur le marché international et cela devrait progressivement avoir un impact sur le marché africain. Il y a aussi des festivals sur le continent qui prônent la visibilité de nos productions, comme le festival d'Alger, les Cocobulles en Côte d'Ivoire, le festival Mboa au Cameroun, le festival Bilili BD au Congo Brazzaville, Kalankadi au Mali... les festivals hors du continent qui offrent également une place importante à la bande dessinée africaine, notamment le festival d'Angoulême en France et le salon du livre de Genève en Suisse. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour développer le marché africain de la bande dessinée. Nous sommes sur la bonne voie, en hausse en termes de production et de visibilité. Et le marché brésilien est aussi une réelle opportunité pour nous.

Quand avez-vous réalisé votre premier projet de bande dessinée ? Est-ce que celui-ci a correspondu à vos attentes ?

Ma première bande dessinée, intitulée Mille Mystères d'Afrique et Séductions, est sortie le 30 juillet 2013 en France dans la collection de bandes dessinées L’Harmattan-BD dirigée par Christophe Cassiau Haurie. Mes premier pas en tant qu'auteur dans le monde de la bande dessinée, ça a été pour moi comme ceux de l'homme sur la lune. Au départ, j'avais conçu ce projet pour le publier ici en Côte d'Ivoire, d'autant plus que le sujet traité dans la partie Séductions était d'actualité et enseigné dans nos lycées et collèges. Comme je n'ai pas pu trouver d'éditeur pour mon projet sur place et que je savais encore moins comment fonctionnaient l'auto-édition et la distribution, j'ai profité de l'opportunité que m'offrait Christophe pour donner vie à ce projet. Ce fut un vrai bonheur pour moi, la réalisation d'un rêve que j'avais depuis l'enfance. Je pensais que ce serait très difficile de faire connaître cette première bande dessinée au public de mon pays, mais c'était l'inverse, sur les réseaux sociaux, les lecteurs sont progressivement devenus fidèles à mes productions, à partir de cette première bande dessinée.

Skript Editora a décidé d’éditer l'une de vos œuvres les plus récentes au Brésil: Légère amertume - Une histoire du thé. Qu'est-ce que ça fait d'être publié ici au Brésil ?

Les scénaristes, Djaï & Elanni, et moi avons été agréablement surpris par le choix de Skript Editora pour l'édition brésilienne de notre album Légère amertume - Une histoire du thé. C'est un grand honneur et un plaisir profond de savoir que cette bande dessinée aura de nouveaux lecteurs en dehors de la région francophone.

La consommation de thé en Afrique de l'Ouest, comme ailleurs, je crois, est un moment de partage, de convivialité et d'échange, ce sont les mêmes valeurs que nous aimerions partager avec les lecteurs brésiliens à travers de cet album.

Légère amertume - Une histoire du thé est une bande dessinée intéressante, car on peut y découvrir l'histoire du thé sous un angle différent. Comment s'est passée l'expérience de travailler sur ce travail, à la fois en termes de références et de recherche ?

La qualité de la recherche est avant tout le résultat du travail des deux scénaristes qui ont conçu cette histoire dans les moindres détails. Ils m'ont fourni de nombreuses images et références bibliographiques pour mieux traduire l'histoire en dessin. Ils ont même réussi à s'adapter, à intégrer mon environnement et ma très petite expérience du thé dans le scénario. Je les ai trouvés particulièrement professionnels. Ce fut une expérience nouvelle et très enrichissante de travailler avec eux sur ce projet.

Connaissez-vous des bandes dessinées brésiliennes ? Si oui, lesquelles aimez-vous le plus ?

En général, en Afrique francophone, nous avons l'habitude de lire des super-héros américains, des petits formats, de la BD franco-belge, des Disney et des mangas. Depuis mon contact avec Mordo Rodrigues, j'ai personnellement commencé à découvrir les bandes dessinées brésiliennes sur le site Catarse et Skript Editora. Ma curiosité m’a même mené un peu plus loin au travers de recherches d'images en ligne, et j'ai découvert de belles productions, des beaux-arts, j'espère un jour les lire s'il y a des versions en français.

Le projet d'édition de bandes dessinées africaines au Brésil est une excellente opportunité pour vous de découvrir les œuvres africaines là-bas, et d'autre part, si possible, nous apprendrons à connaître la bande dessinée brésilienne en Afrique francophone également.

Si vous pouviez recommander d'autres œuvres originales du continent africain à publier au Brésil, lesquelles recommanderiez-vous?

L'Afrique regorge d'excellents auteurs avec des bandes dessinées magnifiques et inspirantes, certaines publiées sur le continent africain et d'autres produites en Europe, plus précisément en France. Avec les albums d'auteurs africains de renom tels que Barly Baruti, Albert Tshisuaka, Thembo Kash, Serge Diantantu, Bathy Asimba, Benjamin Kouadio, Marguerite Abouet, Didier kassai, Simon Pierre Mbumbo ... je recommanderais sans hésiter les albums de la collection L’Harmattan BD. C'est une collection qui regorge d'auteurs africains de différents pays, chacun avec son propre style, ses sensibilités et ses histoires. En quelque sorte, c'est un excellent et important vivier de la bande dessinée africaine en termes de représentativité. Jusqu'ici avec 39 albums, je peux citer par exemple le récent "Les Dogues Noirs de l’Empire" de Massiré Tounkara, les albums sur les aventures de "Alphonse Madiba dit Daudet" d'Al'Mata avec le scénario d'Edimo Christophe, Laff Lafricain de Gunther Moss et, bien sûr, tous les autres qui sont tout aussi beaux que ceux que j'ai mentionnés.