dimanche 29 décembre 2013

Du découpage et du cadrage (2ème partie)


Comme nous avions commencé à vous l'expliquer précédemment, proposer sur le papier un découpage des planches en gaufrier est une chose aisée; mais ne pas devoir en sortir par exemple pour donner du corps à une bagarre, ça demande plus de doigté, surtout lorsque vous n'êtes pas dessinateur. Certains de nos voisins pourront témoigner de nous avoir vu mimer en pleine rue tel ou tel enchaînement de gestes, d'avoir pris des photos dans telle ou telle pose, afin de trouver le meilleur angle, quelque chose qui soit entre les limites du possible et du lisible.
Or, il faut bien l'avouer, à ce stade ce n'est rien qu'une vue de l'esprit, presqu'un jeu dans lequel vous vous prenez au sérieux. Noter que le personnage est en gros plan, que l'on voit son poing sortir de l'ombre, qu'il a l'air hargneux (mais pas trop), que le soir tombe comme un voile de misère sur la ruelle déserte la poussant dans les retranchements de sa verticalité sinistre, c'est joli, ça donne des ailes et ça sort des ornières narratives à la va-comme-j't'pousse. Surtout qu'en tant que scénariste, on réfléchit, on remâche, on interroge la cohérence du tout mais rarement les choix graphiques qui n'ont finalement que peu de sens à ce niveau de la réalisation. Vous n'écrivez pas un roman, n'êtes pas là pour faire du style, mais pour apporter un support cohérent au potentiel dessinateur.
Ce n'est qu'une fois que ce dernier prend enfin les choses en main, qu'il suit vos descriptions pour les extraire du monde des idées et les modeler en un tout cohérent, qu'il ajoute sa patte avec tout son savoir-faire, ce n'est qu'une fois que vous voyez les planches finales tomber les unes après les autres qu'un sentiment de grande jubilation s'empare de vous.

Finalement, vous avez bien fait de passer pour un fou auprès des vos voisins.

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